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de l’étranger auquel nous avons donné l’hospitalité ?

XV.

—Ce que j’en pense ?... Maudit soit l’instant qui amena cet inconnu dans notre île ! L’épée de ton père, fabriquée jadis par un art magique pour Archibald Tineman, alors qu’apaisant d’anciennes haines il réunit les lances des frontières aux arcs d’Hotspur, l’épée de ton père, en sortant d’elle-même du fourreau, n’a-t-elle pas annoncé l’approche d’un secret ennemi ? Si un espion de la cour s’était introduit ici, que n’aurions-nous pas à craindre pour Douglas et pour cette île, qu’on regardait autrefois comme le dernier elle plus sûr retranchement du clan d’Alpine !

Mais cet étranger ne serait-il ni un ennemi, ni un espion, ... que dira le jaloux Roderic ?... Je n’approuve pas ton geste de dédain… Rappelle-toi la terrible querelle qui s’éleva entre Malcolm Grœme et Roderic quand tu ouvris le bal avec ce jeune Chef, aux fêtes du mois de mai : quoique ton père ait rétabli la concorde, le cœur de Roderic nourrit encore le feu mal éteint de ses ressentimens. Prends donc garde...

Mais, écoutons : quel son frappe mon oreille ? Je ne puis distinguer ni le soupir de la brise mourante, ni le murmure plaintif des bouleaux, ni le frémissement des trembles ; aucun souffle ne ride le lac ; la blanche barbe de la filage[1] est immobile : cependant, par la vertu de mon art, j’ai cru entendre... écoutons ! Je reconnais les cornemuses guerrières qui font retentir au loin le pibroc des montagnards.

XVI.

Le barde et Hélène aperçurent, à l’extrémité du lac quatre points obscurs, qui, s’accroissant par degrés, parurent enfin quatre navires avec leurs agrès et leur équipage : ils descendaient de Glengyle et voguaient à pleines voiles .vers l’île solitaire.

  1. C’est le filago montana de Liunée, lherbe à coton, — Ed.