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le feu et la franchise de la jeunesse. On y voyait le charme d’une humeur enjouée, l'activité d’une ame toujours prête à entreprendre, et l’audace qui exécute : il était facile de deviner que ses yeux vifs devaient être également prompts à s’enflammer pour l'amour, ou à brûler du feu plus terrible de la colère.

Ses membres robustes étaient faits pour les jeux du courage et les périls de la guerre ; quoiqu’il fût vêtu en simple chasseur, et sans autre arme que son épée, tout son aspect annonçait une ame haute et une fierté martiale, comme s’il eût porté le casque d’un baron et une brillante armure.

Au-dessus de la nécessité où il se trouvait de demander l’hospitalité, il parla, avec une aisance naturelle et la plus aimable courtoisie, de l’accident qui l’avait amené dans ces lieux ; cependant le ton flatteur de sa voix et son geste modeste semblaient plutôt accoutumés a donner des ordres qu’à supplier.

XXII.

La jeune fille regarda un moment l’étranger ; et rassurée enfin, elle lui répondit que les châteaux des montagnards étaient toujours ouverts aux voyageurs égarés.

— Ne croyez pas, ajouta-t-elle, que vous arriviez dans cette île solitaire sans y être attendu ; ce matin même, avant que la rosée cessât d’humecter la verdure, une couche a été préparée pour vous. La cime pourprée de cette montagne nous a fourni le ptarmigan et le coq de bruyère. Nous avons tendu nos filets sur le lac, afin que vous trouviez ici votre repas du soir.

— J’atteste le ciel, aimable insulaire, reprit l’étranger, que vous êtes dans l’erreur ; je n’ai aucun droit à ce bon accueil, destiné à l’hôte que vous attendez : le hasard seul m’a conduit dans cette solitude ; j’ai perdu ma route, mon coursier et mes compagnons ; voilà, je vous assure, la première fois que je respire l’air de ces montagnes. En voyant les bords pittoresques de ce lac et la beauté qui