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corté du plumb-porridge et du gâteau de Noël. Dans cette fête solennelle, la vieille Ecosse ne manquait jamais de se faire honneur de ses oies savoureuses. Puis les masques entraient dans la salle en chantant les noëls : si le concert n’était pas mélodieux, au moins il parlait au cœur et inspirait la joie. On pourrait peut-être trouver dans ces fêtes quelques traces des anciens mystères. Une chemise blanche suffisait pour se déguiser, la suie qui barbouillait les joues tenait lieu de masque, et cependant sous quel riche travestissement vit-on jamais des cœurs plus heureux ? L’Angleterre était bien la joyeuse Angleterre, quand le vieux Noël ramenait ses jeux. C’était Noël qui perçait le tonneau de la meilleure bière. C’était Noël qui racontait le conte le plus gai. Une bonne gambade de Noël entretenait le contentement dans le cœur du pauvre pendant la moitié de l’année.

On retrouve encore dans nos pays du nord quelques vestiges de ce bon vieux temps ; le titre de parent y est encore respecté, même à ces degrés éloignés où peut-être il n’est plus qu’un vain nom pour les peuples du sud ; car, dit un de nos proverbes, le sang est plus chaud que l’eau 1. Je n’oublierai jamais la description de ces fêtes de Noël, où mon bisaïeul, avec sa barbe grise, ses cheveux blonds et sa démarche vénérable, venait partager les réjouissances de ce saint temps. Ce jour-là il consentait à rougir son eau d’un peu de vin, et son zèle pieux ne s’effarouchait pas d’une honnête gaieté. Qu’il était loin de se douter alors que quelque jour il figurerait dans mes chants ! Ce vénérable vieillard n’avait d’autre titre à la célébrité qu’une loyauté qui lui avait coûté cher. Resté fidèle à la race bannie de nos rois, il perdit ses terres….. mais il conserva sa barbe.

Dans la demeure chérie que j’habite, une réception amicale s’unit à une aimable liberté ; la cordialité en chasse la contrainte ; on se soucie peu du vent et de l’orage, et le temps s’envole sur les ailes des plaisirs et de la gaieté : Oui, la retraite de Mertoun est belle, même en ce moment où il n’est plus une feuille qui orne les branches. La Tweed se plaît à serpenter au milieu de ce vallon, dont elle ne s’éloigne qu’avec regret ; elle réfléchit tous ses sites dans le miroir de son onde, et semble l’embrasser

(1) Blond is warmer than water. Proverbe qui sert à justifier nos préventions de famille.