Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/233

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partagés, les écussons abattus, et la légitimité prostituée à un usurpateur ; d’être témoin des outrages dont chacun de tes enfans fut abreuvé, et des malheurs que tu n’aurais pu adoucir. Le ciel, dans sa clémence, avait destiné à une vie honorable une mort plus honorable encore. Ah ! quand les vicissitudes inévitables des temps auront fait luire sur la Germanie le jour de la vengeance ; quand le désespoir, embrasant tous les cœurs d’un enthousiasme digne d’elle, aura réveillé quelque nouvel Arminius, avant de frapper les premiers coups, il ira, ce vengeur de ses droits, aiguiser son épée sur la tombe de Brunswick.

— Ou célèbre un de ces héros croisés, indomptables dans les fers comme sur la brèche, toujours les mêmes et sur la terre et sur les flots, qu’ils tiennent en main la lance, les rênes ou. la rame, pourvu qu’ils courent à ces remparts que le féroce musulman défend contre leurs phalanges invincibles. — Célèbre celui dont la voix, semblable au tonnerre, alla réveiller le silence des mers glaciales, quand le Russe et le vaillant Suédois se firent un jeu de la mort au milieu des flots qui les engloutissaient. Ou bien encore chante ce guerrier qui, sur les rives d’Alexandrie, arracha d’une main mourante les lauriers du vainqueur.

— Fais revivre l’antique gloire de notre théâtre, si tu peux obtenir le sourire de la muse tragique ; rappelle-nous les accords sublimes qui s’échappaient jadis de cette harpe suspendue sur les rives sacrées de l’Avon. Après deux siècles de silence, une enchanteresse hardie, brillant d’un noble enthousiasme, a osé détacher ce trésor des branches pâles du saule, et faire entendre à ces bosquets solitaires le récit de la haine de Montfort et des amours de Basile : les cygnes de l’Avon, réveillés par ses chants inspirés, ont cru que leur Shakspeare vivait encore 1.

— Ainsi ton amitié abusant ta raison, voudrait, en me prodiguant des louanges qui ne m’appartiennent, pas, prescrire à mes loisirs une tâche au-dessus de mes forces. Mais dis-moi, cher Erskine, as-tu jamais étudié cette puissance secrète à qui tout est soumis, et qui plie à son gré notre ame docile, cette puissance dont la source est inconnue, et qu’on ne peut définir ? Que ce soit une impulsion qui, naissant au moment où l’homme

(1) Miss Joanna Balllle. — En.

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