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CHANT SECOND. 213

Le cœur de chaque nonne, simple et pur, se livre au plaisir que lui cause le voyage ; l’abbesse seule et la novice Clara y restent étrangères.

III.

L’abbesse de Sainte-Witbhy était d’une famille illustre : jeune encore, elle prit le voile et quitta le monde avant de l’avoir connu. Elle était belle, et sans doute elle aurait eu un cœur tendre ; mais elle n’avait jamais entendu un amant soupirer pour elle ; jamais elle n’avait appris quel était le pouvoir de ses yeux. Elle ne pouvait, dans ses idées, séparer l’amour de la honte et de la vanité. Ses espérances, ses craintes, ses plaisirs, étaient tous concentrés dans les murs du cloître ; toute son ambition eût été d’égaler les mérites de sainte Hilda aussi avait-elle donné ses grands biens pour élever la tour orientale du couvent. C’était à son zèle que la chapelle de la sainte devait l’élégante sculpture dont elle était ornée, ainsi que sa châsse d’ivoire enrichie de pierreries. Le pauvre aussi se louait de sa charité ; et le voyageur égaré trouvait un asile dans les murs de Withby.

IV.

Le vêtement de l’abbesse de Sainte-Hilda était noir, et sa règle avait été réformée d’après les statuts sévères des bénédictines ; son visage pâle et sa maigreur attestaient ses veilles et son austère pénitence, qui avaient de bonne heure éteint le feu de ses yeux. Mais elle était remplie de douceur ; et, quoique vaine de ses prérogatives et de son autorité, elle n’avait rien de sévère, et se faisait aimer de ses sœurs.

Ce voyage attristait son ame : elle était mandée à Lindisfarn avec le vieil abbé de Saint-Cuthbert et la prieure de Tynemouth, pour tenir le chapitre de Saint-Benoît, et décider du sort de deux infortunés accusés d’apostasie

v.

Je ne dirai rien de sœur Clara, si ce n’est qu’elle était jeune et belle, aimable et tendre comme une novice qui