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CHANT PREMIER.

la pâle lueur de la lune. Dis-moi, toi qui t’approches des astres, quand cesseront ces discordes féodales ? Quel sera le destin de la jeune vierge ? qui sera l’époux de Marguerite ?

xvii
l’esprit de la montagne.

— Le char d’Arthur poursuit lentement sa course dans une obscurité profonde autour du pôle ; l’Ourse du nord est sombre et menaçante ; la ceinture brillante d’Orion disparaît dans les ténèbres, les planètes ne jettent qu’un éclat faible et éloigné qui perce par moment la nuit profonde : j’ai quelque peine à interpréter leurs décrets ; mais les astres ne daigneront verser une influence favorable sur les eaux du Teviot et sur la tour de Branksome, que quand l’orgueil sera dompté et l’amour libre.

xviii

Les voix surnaturelles se turent, et le son redoutable mourut sur le sein calme des eaux et sur le penchant de la montagne ; mais il murmurait encore auprès de la tour de lord David et aux oreilles de la dame. Elle leva sa tête majestueuse, et son cœur palpitait d’orgueil. — Montagnes, s’écria-t-elle, vous courberez vos têtes ; et vous, ondes du Teviot, vous gravirez leur sommet, avant que Marguerite devienne l’épouse de notre ennemi.

xix

Elle retourna dans la grande salle où étaient ses vaillans chevaliers ; son fils, au milieu d’eux, se livrait avec une joie bruyante à des jeux enfantins. Se croyant déjà un maraudeur, l’enfant, à cheval sur le tronçon d’une lance, courait gaiement autour de la salle, comme s’il eût fait une invasion sur le territoire anglais. Les chevaliers, même ceux qui avaient vieilli sous les armes, prenaient part à sa gaieté innocente, quoique leurs cœurs, naturellement farouches, fussent aussi durs que l’acier qui les couvrait : mais les guerriers à cheveux blancs prédisaient