Page:Oeuvres complètes de Jacques-Henri-Bernardin de Saint-Pierre, Tome 10, 1820.djvu/264

Cette page n’a pas encore été corrigée

à coup sûr c'est de la mienne. Il était naturellement disposé à railler, et c'est un caractère commun à Socrate, à Phocion, à Caton : car la vertu a la conscience de sa supériorité sur le vice. Je lui dis un jour que Montesquieu appelait Voltaire le Pantalon de la philosophie. Non, dit-il, il en est l'Arlequin. Il aimait à répéter une raillerie de Fontenelle sur l'avarice d'un membre de l'académie. Un jour l'on faisait une quête pour un pauvre homme de lettres : on s'adressa deux fois à un académicien qui passait pour avare ; il dit au second tour : J'ai donné un louis : celui qui tenait la bourse, lui répondit : Je le crois, mais je ne l'ai pas vu ; Fontenelle repartit aussitôt : Pour moi, je l'ai vu, et je ne le crois pas.

On sait combien Voltaire l'avait maltraité, et cependant il ne parlait, jamais de lui qu'avec estime. Personne à son gré ne tournait mieux un compliment ; mais il ne le trouvait pathétique qu'en vers. Il disait de lui : Son premier mouvement est d'être bon ; c'est la reflexion qui le rend méchant. Il aimait d'ailleurs à parler de Voltaire, et à conter le trait