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trouverez mon mari. J'ouvre sa porte ; il me reçoit sans rien dire, d'un air austère et sombre. Je lui parle ; il ne me repond que par monosyllabes, toujours en copiant sa musique ; il effaçait et ratissait à chaque instant son papier. J'ouvre, pour me distraire, un livre qui était sur sa table. Monsieur aime la lecture, me dit-il d'une voix troublée. Je me lève pour me retirer ; il se lève en même temps, et me reconduit jusque sur l'escalier, en me disant, comme je le priais de ne pas se déranger : c'est ainsi qu'on en doit user envers les personnes avec lesquelles on n'a pas une certaine familiarité. Je ne lui répondis rien, mais agité jusqu'au fond du cœur d'une amitié si orageuse, je me retirai, résolu de ne plus retourner chez lui.

DE SON CARACTÈRE.

Il y avait deux mois et demi que je ne l'avais vu, lorsque nous nous rencontrons une après-midi, au détour d'une rue. Il vint à moi, et me demanda pourquoi je ne venais plus le voir. Vous en savez la raison, lui répondis-je. Il y a des jours, me dit-il, où je