Page:Oeuvres complètes de Jacques-Henri-Bernardin de Saint-Pierre, Tome 10, 1820.djvu/239

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les abus dont il s'enrichit. Pourquoi un auteur ne ferait-il pas saisir, par-tout ailleurs que chez son libraire, son ouvrage, comme un bien qui est à lui par-tout où il se trouve ? La loi le permet, à la vérité, répondait-il ; mais il faut tant d'apprêts, tant d'ordres, tant de démarches ! et puis combien de fois n'arrive-t-il pas aux magistrats et aux intendants de protéger eux-mêmes ces fraudes, sous prétexte du bien du commerce de leur province ! -J'entends : cela leur vaut des bibliothèques qui ne leur coûtent rien. Mais vous auriez dû faire de nouvelles éditions. -Si l'on n'ajoute et si l'on ne retranche rien à un ouvrage, le libraire n'a pas besoin de l'auteur ; si on y fait des changement, on trompe le libraire, et ceux qui ont acheté la première édition. J'ai toujours mis dans la première tout ce que j'avais à y mettre. Il me raconta que dans le temps même où il me parlait, un libraire de Paris mettait en vente une nouvelle édition de ses ouvrages, et répandait le bruit que, pour dédommager Rousseau de la peine qu'il avait prise à la faire, il lui avait passé, ainsi qu'à sa femme,