Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/89

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quel siècle, mon cher monsieur… Quel siècle !… Des pigeons… c’est-à-dire, les colombes de l’arche… autrefois, ils apportaient le rameau d’olivier… et maintenant, ils apportent ce que vous savez !… Quel siècle !

Il avait sans doute attribué à ma citation parodique, dont je déplore le mauvais goût et le manque de générosité, un sens sévèrement théologique, peut-être une allusion politique… A-t-il réfléchi depuis ? M’a-t-il gardé rancune, pour avoir refusé de reconstruire de mes deniers cette chère et malheureuse église ?… Il ne m’a plus jamais reparlé et, par la suite des temps, il est devenu mon plus cruel ennemi, dans le village.

Donc l’église est à droite. À gauche, la mairie ; les écoles sont installées dans un grand bâtiment qui, jusqu’au siècle dernier, fut un grenier à sel. Les paysans ne semblent pas lui avoir gardé rancune. Malgré l’affaissement des murs et le gondolement des toits très hauts, il conserve toujours ses belles lignes sobres et la belle ordonnance de son style Louis XIV

L’église et la mairie sont les seuls monuments qui, à Ponteilles, témoignent encore d’une vie ancienne. On y chercherait vainement, autre part, le moindre vestige du passé ; ni un calvaire, ni une petite image de pierre dans une niche, ni les restes d’une fontaine, ni une fenêtre à meneaux