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— Oh ! oh !… hoquette le vieux, moitié rieur, moitié scandalisé…

— C’est bon ! c’est bon !… Au fait, un képi… Tu as raison… J’en demanderai un pour toi au garde du château de la Mouillerie… Es-tu content ?… Sacré Fiston, va !… Une contravention, hein ?… Au revoir.

Puis M. le maire, après avoir recommencé ses divers colloques avec les poules, les oies, les dindons et les boutiquières, rentre chez lui, à petits pas… Il est satisfait de sa personne, de son administration vigilante, de son parler autoritaire et quand même bienveillant… Car, ce n’est qu’avec les poules, les oies, les dindons, les cochons, avec le père Fiston et avec lui-même qu’il ose parler d’une façon aussi crâne, afficher cette autorité. Il est enchanté aussi que l’heure soit venue d’arroser ses salades et la corbeille de pétunias, qui se navre sur la pelouse roussie devant sa maison.

La grille de mon enclos, séparé de l’agglomération par des prairies et l’épais massif d’un quinconce, ainsi que la maison du jardinier donnent sur un élargissement de la rue, qui à cet endroit forme une place assez spacieuse. L’église est un peu plus loin, à droite, flanquée du presbytère. Elle a dû être très belle, il y a huit cents ans. Mais au cours des siècles et des révolutions,