Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/415

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Moi… je voudrais qu’on fît la curée dans la forêt… L’année dernière, nous ne l’avons pas vue…

Le père — un excellent homme — s’inquiète de savoir où aura lieu l’hallali. Il ne veut pas se priver et priver sa progéniture de ce qui est le plus beau dans une chasse… la bête forcée… les chiens fouillant les entrailles chaudes de la bête, les valets fouaillant les chiens… la mort… le sang… les lambeaux de viande rouge.

— Avec des torches…, répète la mère.

— Oui… oui… avec des torches.

Et, tous les quatre, l’oreille aux aguets, la bouche sèche, les yeux luisants, ils suivent les appels, les clameurs, les hurlements de la chasse… Tantôt elle se rapproche…

— Ah la voilà !… la voilà ! Elle vient par ici.

Tantôt elle s’éloigne…

— Ah zut !…

Et toutes les mines s’allongent, déçues et hideuses…

Un ouvrier, tout blanc de poussière de plâtre, dit avec désespoir :

— Il est bien capable d’aller se faire prendre là-bas, aux étangs, cette saleté-là !…

« Cette saleté-là », c’est le cerf, derrière lequel hurlent soixante gueules de chiens. On se rassure entre soi…