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— Mais non !

— Ta parole ?

— Je t’assure.

— Mais j’ai quitté les affaires.

Ces simples mots : « j’ai quitté les affaires », prononcés par Pierre Barque, avaient un accent, une sonorité toute particulière. Barque est bavard, et les affaires, telles qu’il les entend, sont un merveilleux sujet de conversation. Les affaires l’occupent, mais sans danger aucun, puisqu’il y gagne et n’y perd jamais d’argent. Barque n’a jamais songé à fonder une société de mines ou à bâtir une ville dans l’Afrique du Sud. Les affaires qu’il propose sont, comme lui-même, modestes et cordiales. On les tient tout entières dans sa main, comme on peut suivre, d’un trait à l’autre, sa figure sympathique et sans mystère. Elles n’exigent pas de grands capitaux, ne ruinent pas des sociétés adverses. Elles doivent tout à l’ingéniosité de l’idée, à la solidité de la combinaison. Il n’est pas nécessaire, pour réaliser les affaires de Pierre Barque, de louer un bureau au rez-de-chaussée sur la cour, d’engager une dactylographe et un groom. On les noue, on les traite, on les dénoue au café.

Barque, autrefois, avait toujours une affaire en train. Il ne disait pas :

— Tu devrais bien m’offrir l’apéritif…