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Il n’avait pas regardé Dingo. J’étais un peu étonné. Dingo aussi sans doute, car il grattait le plancher avec ses pattes de devant, comme s’il avait une réclamation à formuler.

Le vétérinaire tourna les yeux vers lui et sembla presque effrayé. J’observais le mouvement de ses yeux qui roulaient dans l’arcade comme des billes et j’eus moi-même un instant d’inquiétude. Le vétérinaire venait-il de découvrir que Dingo était enragé ?

— Qu’est-ce que c’est que ce chien-là ?… me dit-il. Mais c’est un loup…

Je dus à nouveau expliquer ce qu’était un dingo.

Il alla jusqu’à une petite bibliothèque, y prit un dictionnaire et l’ouvrit à l’article Dingo.

— Tiens, tiens… Australie… Étonnant… je ne savais pas.

Et il ajouta avec joie, piquant l’index sur une ligne :

— Et tenez… ça y est… Ils n’ont pas la rage… Mais c’est évident…

Puis, me tendant le certificat, il me dit brusquement :

— Est-ce que vous en avez vu des chiens enragés… vous ? Ah ! leurs certificats… leurs autopsies… leurs livres, leurs leçons de clinique… Mais il n’y a pas de chiens enragés… Il n’y en a