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Et voilà — comble de la contradiction et de l’horreur ! — qu’il devint antimilitariste.

Oui, ce guerrier farouche et cruel, ce pillard, ce massacreur, qui eût dû tant aimer la guerre et les militaires, voilà qu’il était devenu tout d’un coup un antimilitariste des plus dangereux. Pas théoricien, non. Mais homme, ou plutôt chien d’action, d’action directe.

N’allez pas croire qu’il fût affilié à un groupement anarchiste, qu’il collât des affiches sur des murs, ou qu’il prît la parole dans les meetings révolutionnaires. Il agissait, voilà tout, et il agissait en solitaire, à sa façon, une façon moins compliquée, plus simpliste et qui « rendait » davantage : sans explications, sans phrases, résolument, Dingo sautait à la gorge de tous les militaires qu’il rencontrait sur son chemin. Plus ils étaient chamarrés, emplumés, éclatants, de haut grade, plus son élan était vigoureux.