Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/335

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour Dingo… Tenez… moi… on me dirait qu’il a saigné Jaulin, qu’il en fait des saucisses, du boudin, du fromage de cochon… ma foi ! je le croirais… Ah ! c’est un chien épatant !

— Des perdreaux ?… Mais non… mais non… C’est absurde… On vous a conté des balivernes… Les braconniers ont panneauté la plaine… voilà tout…

— Les braconniers ?… De la belle ouvrage comme ça ?… allons donc.

Et, avec de grands gestes imitatifs, il expliqua :

— Voilà comment il s’y prend, ce sacré Dingo… Vous comprenez… que maintenant que tout est par terre dans la plaine, le gibier se montre davantage… Dingo le voit ou il le sent… et ce qu’il sent de loin, cet animal-là… c’est épatant !… Alors, il court dessus… La compagnie se lève et va se remiser plus loin, dans les chaumes… Dingo ne lui laisse pas le temps de souffler. Il la relance… elle se remise… il la relance encore… dix fois, vingt fois, s’il le faut… Tant et si bien, qu’à la fin les perdrix esquintées s’accouplent dans le chaume, ne veulent plus rien savoir et se laissent égorger, comme des saintes… Dans les petits pays, on connaît le gibier, comme on connaît les gens… On connaissait six compagnies, sur les terres de la commune… il y en avait même une