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Miche ne rentra que deux heures après, étourdie, brisée par sa crise.

— Où donc est Miche ?… demandions-nous au moment de dîner. Qu’est-ce que tu as fait de Miche ?… Dingo !

Dingo très agile se mit à chercher et la découvrit sous un canapé, où elle s’était endormie d’un sommeil profond. Elle refusa de quitter son coin, où l’ombre et le silence lui faisaient du bien.

D’autres expéditions de ce genre ne furent pas plus heureuses. Et un soir sur la terrasse, Miche dit à Dingo :

— Écoute, Dingo… Tu es bien gentil… Tu fais pour moi tout ce que tu peux… Je t’en suis reconnaissante… Mais, je vais te dire… Nous n’avons pas les mêmes idées, les mêmes goûts, les mêmes habitudes… Cela tient, sans doute, à ce que tu es un gros chien, moi une petite chatte… Enfin, tu me gênes… J’aime à être seule, quand je travaille… Et je sens aussi que tu t’irrites de ce qui m’amuse… Nous ne serions jamais heureux, comme ça… Et bien, allons à nos affaires, chacun de notre côté… toi où cela te pousse… moi où cela me chante… Nous n’en serons pas moins bons camarades… veux-tu ?

Dingo se montra vexé tout d’abord. Il bouda. Mais il était bon garçon. Et puis, à la réflexion, ce qu’il appelait l’entêtement, la frivolité, la