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Ils mirent plus d’une heure à gagner dans le bois une clairière, dont les graminées étaient hautes comme des seigles et d’où l’on pouvait voir, y aboutissant, quatre routes anciennement tracées, maintenant envahies par des rejets de trembles, d’acacias, de vernis du Japon, par toutes sortes d’herbes et de broussailles.

Au centre de la clairière, se dressait un très vieux sorbier, qu’enlaçait depuis la base, qu’étouffait presque, jusqu’au faîte, une clématite sauvage. Cela bouffait, cela retombait, cela traînait à terre comme une immense jupe à volants, ornée de jolies houppes plumeuses ; cela faisait un fourré impénétrable, sauf aux lapins dont on apercevait les coulées, déjà élargies par Dingo. En haut, deux branches du sorbier seulement sortaient de la touffe, portant des feuilles maigres, un peu fanées et des ombelles de graines rouges.

— Nous allons entrer là-dessous, dit Dingo… Tu vas voir comme tu vas t’amuser là-dessous !…

Mais Miche, assise sur son derrière, suivait entre les branches, dans l’air tamisé, de son œil plus vert, à la fois grave, craintif, clignotant et charmé, le vol déconcertant d’un papillon.

— Laisse donc les papillons, ordonna Dingo… Les papillons, ça n’est pas sérieux… Viens vite… C’est magnifique… Puisque je te le dis.

Les chats adorent l’ombre, le dédale des petites