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j’aime… Mais, impossible !… Je dois m’absenter… Un voyage indispensable… indispensable…

— C’est fâcheux… très fâcheux, dit le maire déçu.

— Fâcheux pour moi… surtout… Remettons cela à l’année prochaine… si vous le voulez bien…

— Oui… oui, certainement… c’est fâcheux… Voyons… voyons… Si j’insistais encore… ?

— Vous me donneriez encore de plus pénibles regrets… voilà tout.

— Excessivement fâcheux…

Et il se tut. Le silence qui suivit fut un peu gênant. La tête un peu plus baissée, les coudes plus lourdement appuyés sur ses cuisses, le maire donnait, en le tapotant, les formes les plus étranges, les plus imprévues à son chapeau. Il avait repris son sourire.

Après quoi, nous échangeâmes à nouveau des paroles insignifiantes et courtoises, de vagues souhaits sur nos santés réciproques, quelques pronostics ni bons ni mauvais sur la récolte prochaine. Et voyant qu’il n’y avait plus à retrouver une conversation définitivement égarée, il se décida à prendre congé.

Je vis que le maire, en sortant de chez moi, allait, non pas directement, mais en faisant de nombreux détours, chez Jaulin, où l’atten-