Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/289

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

blancs… des tout jaunes, des tout noirs… Oui, monsieur… Et je n’en ai plus… Ils sont tous morts… tous tués… C’est une vraie boucherie… Qu’est-ce que je vais devenir, maintenant ?… Et l’Institut Pasteur… qu’est-ce qu’il va devenir lui aussi ?… Plus de cobayes ! Oh ! oh !… tous tués… tous morts… tous, tous !

Brusquement, l’écumoire redevint menaçante, les seins s’enflèrent sous le corsage, comme de grosses houles comprimées entre les murs d’un môle.

— Et c’est cet abominable chien !… Non… Non, on n’a pas le droit d’avoir un chien comme ça !… On n’a pas le droit !… Vous entendez, assassin !… On n’a pas le droit… On le tuera votre chien… Je le tuerai moi… Oui, oui, je le tuerai… chameau !

Pendant ce temps-là, la cuisinière du curé accourut. C’était une petite femme noiraude, et dont la paupière révulsée, paralysée, lui faisait sur la face comme une plaie. Des bras maigres, secs, couleur de cuivre rouge, sortaient de ses manches retroussées. Elle ne courait pas, elle dansait comme une sorcière, s’adressait à tous. Et des clefs tintaient dans la poche de son tablier soulevé.

— Ma pie !… hurlait-elle… Ma pie !… Une pie si tellement apprivoisée… qui chantait les vêpres !