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Regarde mon laboratoire… il est merveilleusement installé… Je peux travailler sans soucis, sans dérangement… tant que je veux, à quoi je veux… Nous sommes entourés d’amis fidèles… de jeunes gens très gentils, de grande valeur… qui me défendent comme des lions… Veux-tu me dire ce que nous aurions de plus avec l’Académie ?…

Était-il bien sincère dans ce détachement ? Je me le suis souvent demandé.

Ce qu’il y a de certain, c’est qu’après une courte pause, où je voyais des ombres ternir un peu la limpidité de ses yeux, il soupirait :

— L’Académie… Évidemment… évidemment… En principe, c’est très beau… Mais, dans la pratique… Et puis, aujourd’hui, va… ça n’est guère enviable.

Mme Legrel ne se rendait pas… Elle ripostait…

— Tout ce que tu voudras !… C’est possible… Mais puisqu’il y a une Académie, je veux que tu en sois… il faut que tu en sois. Enfin, voyons… pourquoi y aurait-il une Académie, si tu n’en es pas ?…

Il insistait avec une tendresse presque triste.

— Ton amour pour moi fait que tu exagères l’importance de ces honneurs… Dis-toi bien ceci, ils n’en ont aucune, du moins ils n’en ont pas une très grande… Vraiment, on peut bien s’en passer… Ne nous occupons plus, je t’en prie…