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l’anglais, surtout l’anglais d’Edward Herpett, je les traduis, comme je peux.

« Je dois tout d’abord vous prévenir, écrivait cet obligeant ami qui, non content de m’envoyer un chien, poussait la bonne grâce jusqu’à me conter son histoire, m’expliquer son mécanisme et la manière de m’en servir… je dois vous prévenir que ces chiens ne sont pas, du moins ne sont plus, à proprement parler, des chiens. Par une habitude séculaire et aussi, je suppose, par une illusoire ressemblance, ils tiennent toujours un peu du chien… un peu du renard, du renard de Guinée, mais plus grands que ce dernier. Ils tiennent surtout du loup, du loup de Russie, à ce détail près que, n’ayant ni son pelage gris ni son échine basse, ils rappellent, sans l’excuse de la faim et même sans un goût très violent pour la viande, sa férocité carnassière. Il n’est pas douteux qu’ils aient été réellement, complètement, des chiens, autrefois, en ces temps ténébreux où la science balbutiait ses timides essais de classification. Heureusement, de même que les modes, les méthodes changent, les moyens d’investigation se perfectionnent. Chaque jour, avec la vie plus profondément pénétrée, la science évolue, se transforme, nous transforme et son domaine sans cesse s’élargit. Rien n’est immuable. Tel qui était poisson jadis est devenu oiseau ; tel qui fut