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veautés… Bon… Le marchand de nouveautés me doit trois francs… Bon… C’est donc six francs que je dois au marchand de nouveautés… Car de neuf que je dois, retirer trois qu’il me doit… il en reste six.

Et, par un excès de scrupule qui l’honore, Piscot compte et recompte sur ses doigts.

— Six francs… C’est bien ça… Pas d’erreur…

Le calcul est impeccable… Mais Toutlemal ne l’entend pas ainsi. Il a une façon à lui de compter. Le moment de régler venu, il dit à Piscot :

— Tu me dois neuf francs… est-ce vrai ?

— Oui, monsieur Toutlemal… Et vous, vous me devez trois francs… C’est bien ça ?

— C’est bien ça.

— Alors ?

— Alors, paie-moi neuf francs.

— Ah ! non… vous ne voudriez pas…

— Écoute un peu… Quand tu m’auras payé les neuf francs que tu me dois… moi, je te paierai les trois francs que je te dois… Enfin, voyons, est-ce juste ?

Piscot ne se laisse pas démonter. Il répond…

— C’est mon calcul qui est le bon, monsieur Toutlemal… Puisque je vous dois neuf francs et que vous m’en devez trois, il est bien plus simple