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aux oiseaux… Vous me croirez, si vous voulez, monsieur… Les oiseaux… ils ont gobé les crottes et laissé le pain…

Il maugrée quelques instants et reprend avec plus d’amertume :

— Quant à la galette… bonsoir !… Jamais de galette !… J’ai demandé un secours en argent… Oh là là !… monsieur, je leur aurais dit : « M… ! » sauf votre respect, qu’ils ne m’auraient pas plus mal reçu… Ah ! ils m’embêtent… Vous savez… je leur dirai : « M… ! » oui, oui, je leur dirai… Tout de même !…

Il redresse fièrement la tête, et d’une voix solennelle :

— Tout de même !… continue-t-il… Je suis le plus pauvre du pays… Je suis même le seul pauvre du pays… Pour la purée… à moi le pompon. C’est-à-dire que tout l’argent du bureau de bienfaisance, devrait être à moi. Dame ! écoutez donc !… Oui, mais l’argent, ils le donnent à un tas de galvaudeux qui n’en ont pas besoin… C’est-y vrai ce qu’on m’a dit ?… On m’a dit que le maire payait les gages de sa cuisinière avec l’argent du bureau de bienfaisance.

— Je n’en sais rien, mon pauvre Piscot… On dit aussi que les académiciens entretiennent leur domesticité avec le Prix Montyon…

Après une seconde de réflexion :