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ne sont guère aimables, les habitants… Sapristi, Piscot, ils ne sont guère accueillants, vos compatriotes…

Les yeux pleins de malice, Piscot sourit finement :

— Vous avez vu ça… tout de suite ?

— Écoutez donc !… À moins d’être aveugle et sourd…

— C’est vrai, avoua-t-il… C’est, ma foi, bien vrai… Est-ce pas malheureux tout de même ?… Je leur dis toujours : « … Mais, gourdes que vous êtes, pourquoi que vous taquinez les étrangers ?… C’est bête !… Les étrangers… ça fait travailler le pays… ça fait la fortune du pays… » Eh bien, monsieur, ils ne peuvent pas… C’est plus fort qu’eux… Ils ne peuvent pas… C’est vrai qu’ils n’ont besoin de personne, riches comme ils sont…

— Vous vous trompez… protestai-je vivement… Chacun dans la vie a besoin de chacun…

— Je ne dis pas… je ne dis pas… Après tout, vous avez raison…

Et brusquement, il se mit à rire :

— Vous avez raison, répéta-t-il… Ainsi, votre propriété, à ma connaissance… elle a été revendue six fois… C’est fameux… parce que voilà ce qui se passe… Le type qui l’achète l’arrange à son goût, comme de juste… C’est-à-dire qu’il