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aurait pu arriver à Ponteilles », s’écrie, la sueur au front :

— Ah ! si ça s’était passé ici… Ah bien merci ! Ah ! nom d’un chien !

Radicet est connu de tout Ponteilles. Chaque mercredi, il y vient, avec sa voiture à bâche verte, acheter aux cultivateurs œufs, beurre, fromages, volailles et gibiers.

À chaque incendie, vol, ou meurtre, on fait à Ponteilles un examen approfondi de la conscience des victimes ou des criminels. Peut-être Sir Edward Herpett eût-il découvert là l’origine de l’oraison funèbre. Dieu sait si l’on parle de Radicet !

Un homme brutal, assure-t-on, très actif, extrêmement dur en affaires, extrêmement filou… et riche… riche !… On se remémore, en effet, qu’il possède une grande partie du territoire de Montbiron et qu’il achète toujours des prés, des champs et des maisons… On ne l’aime pas, on le jalouse pour son constant bonheur, pour les occasions exceptionnelles qui se sont offertes à lui d’augmenter son avoir.

— Ah ! il en a eu de la chance, ce bougre-là !… Il n’y en a eu que pour lui !

Et les histoires de marchés, de marchés !… Il y en a de drôles, il y en a de tristes, il y en a de tout à fait sinistres. On insiste particulièrement sur la manière dont il a administré la fortune de