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— Allons, Dingo, rentrons…

Dingo ne peut se décider à rebrousser chemin. Il regarde toujours la voiture qui n’est plus maintenant qu’un point gris sur la route et qui se confond enfin avec les premières maisons de Montbiron.

Le lendemain, dès l’aube, le bruit circule qu’un horrible crime a été commis la veille au soir, à Montbiron. C’est le laitier, Antoine Maugendre, qui en a porté la nouvelle à Ponteilles. On raconte qu’une enfant de douze ans, la petite Marguerite Radicet, fille du coquetier Charles Radicet, a été violentée, puis assassinée — d’autres prétendent assassinée, puis violentée — par un chemineau à qui M. Radicet a donné l’hospitalité.

— Voilà ce que c’est que de faire du bien !

Telle est la première opinion qui s’exprime sur cette affaire, un peu partout. D’autres déclarent :

— Les chemineaux… tous ceux qui n’ont pas un pays à eux… tous ceux qui ne paient pas de contributions, dans un pays à eux… on devrait les envoyer à Cayenne… tous… tous…

On ne connaît pas bien encore les détails du crime… on sait que la petite est morte… on ne sait pas au juste si l’assassin a été arrêté… Les uns disent : oui ; les autres : non. Le père Cornélius Fiston, très ému à la pensée que « ça