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même les très vieilles avec d’outrageants maquillages, il en raffolait.

— Un snob ! me disais-je, chagrin de découvrir en Dingo des tares d’hommes de lettres, si vulgaires et si répugnantes.

Et plus elles étaient élégantes et plus son plaisir était vif à se montrer empressé, les caresser, se faire caresser, se rouler à leurs pieds, dans leurs jupes. Leurs froufrous, leurs chiffons, leurs dessous, leurs parfums l’attiraient invinciblement… Avec elles, il n’était plus Dingo, il n’était rien, rien que ce personnage imbécile du théâtre moderne : l’amant ! Ah ! le pauvre Dingo ! son plaisir allait quelquefois jusqu’à une sorte de folie épileptiforme, jusqu’à une exaltation passionnelle, d’où il sortait haletant, brisé, comme, d’une nuit d’amour, le héros des nouvelles de M. Maizeroy.

Non, il y avait là autre chose que du snobisme.

Un savant de mes amis expliquait ainsi ce phénomène :

— Ne vous cassez donc pas la tète, mon cher… Le cas de Dingo est simple, et il est fréquent… Il aime ces odeurs-là…, c’est-à-dire, ces odeurs-là agissent sur son système nerveux, comme la valériane sur le système nerveux des chats… !

— Fort bien… Mais comment expliquez-vous