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— Tu sais !… je dis ça…

— Oui… Oui… fiche-moi la paix…

Dès qu’elle fut partie, il monta au grenier avec quelques outils, se mit en devoir de desceller les deux pierres qui formaient le seuil de la porte… Puis, avec précaution, il creusa le ciment en dessous, de façon à donner au seuil une pente légère et du ballant. Il avait la figure plus grave qu’à l’ordinaire et les outils tremblaient un peu dans sa main…

Comme il s’acharnait à cette besogne, maître Peleux, l’adjoint, vint à passer, qui menait à Cortoise une voiture de foin. Il interpella Jaulin :

— T’es donc maçon à c’t’heure ? Jaulin répondit :

— Faut bien… J’répare le seuil de la porte… Il n’est point tant solide… Et la pauv’vieille pourrait bien se casser la gueule un jour ou l’autre. Elle est si imprudente !…

— C’est ça… c’est ça… ricana maître Peleux qui, sans autre raison peut-être que la joie d’avoir deviné les intentions secrètes de Jaulin, lesquelles lui rappelaient sans doute des souvenirs personnels analogues, cingla d’un fort coup de fouet les jambes de son limonier.

Deux jours après, un régiment de dragons, qui s’en allait faire une campagne de grèves dans le