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Que les mœurs, les devoirs ne sont que des fantômes.
Battons le mariage en brèche ; osons prouver
Que ce trafic impur ne tend qu’à dépraver
L’intellect et les sens ; qu’il glace et pétrifie
Tout ce qui lustre, adorne, accidente la vie.
Je sais bien que déjà plusieurs cerveaux d’airain,
S’emmantelant aussi d’un mépris souverain
Pour les vils préjugés de la foule insensée,
Se sont fait avant nous brigands de la pensée.
Mais, parmi la forêt de vénéneux roseaux
Que l’étang social couronne de ses eaux,
C’est à peine s’ils ont détruit une couleuvre.
Il serait glorieux de parachever l’œuvre,
Et de faire surgir, du fond de ce marais,
Une île de parfums et de platanes frais. —

— Silence !… écoutez tous, frères !… se mit à dire
Don José, l’œil en flamme et l’organe en délire :
Écoutez ! je m’en vais vous prouver largement