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ROMANS DE MŒURS ET ROMANS SOCIAUX

ses concitoyens, mais il réclame la liberté d’être libre, même s’il doit être le seul homme libre.

Ce fut un roman audacieux à l’époque ; cette œuvre demeure la plus forte d’Harvey par le sujet traité, même si elle n’est pas exempte d’une certaine naïveté de forme, surtout frappante dans l’expression de certains plaidoyers de ses personnages qui évoquent un peu trop le développement du rhétoricien ou de l’élève de seconde. Sa thèse est parfois indiscrète et, à cause de cela, la construction du roman laisse un peu à désirer.

Dans « Les Paradis de sable », Harvey accentue ces défauts : ici, le roman devient tout simplement prétexte à un exposé idéologique ; il s’efface presque complètement devant la thèse. Nous sommes en présence d’un pamphlet romancé et on ne peut que regretter qu’un écrivain, par ailleurs sérieux, ait pu commettre une telle erreur d’optique.

Mais sa langue est claire et précise ; elle parvient à faire oublier bien des défauts : Harvey est un écrivain qui sait écrire ; il l’a prouvé tout au long de sa carrière. S’il a frappé de durs coups, s’il s’est fait de tenaces ennemis, il a pu néanmoins réaliser l’unanimité autour de lui, tout comme Asselin, dans son combat pour l’intégrité d’une