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ESQUISSE HISTORIQUE

quoi, me fait penser à Patrice de la Tour du Pin, et dont la poésie, avec celle des « Îles de la Nuit » et de « Rivages de l’homme » d’Alain Grandbois, dépasse tout ce que l’on a produit jusqu’ici au Canada français. Grandbois, Saint-Denys Garneau, Anne Hébert et aussi Marcel Dugas, François Hertel sont de ceux qui ont contribué le plus à sortir la poésie canadienne du conformisme pour la lancer dans les grands espaces universels. Ils constituent réellement la phalange qui a doté le Canada français de cette poésie nouvelle de laquelle je ne voudrais pas, cependant, dissocier ni Éloi de Grandmont ni Karl Dubuc et quelques plus jeunes encore, qui esquissent déjà une génération prête à prendre la relève, ni Sylvain Garneau, malheureusement disparu au moment où sa sève productrice annonçait les plus grands espoirs.

Si la poésie a toujours occupé au Canada une place plus importante, plus essentiellement littéraire que celle du roman, cela vient peut-être de ce que l’effort y fut plus soutenu ; et aujourd’hui, encore, même si le roman s’affirme plus substantiel, plus puissant, se dégageant lentement de sa puberté qui le maintenait gauche, timide, sans élan véritable, les poètes promettent d’aussi beaux lendemains à la poésie canadienne. En général,