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LE ROMAN DE L'HOMME

ils paraissent accumuler les tares latentes de générations qui, tout à coup, trouvent un terrain propice d’éclosion : tares invisibles, toutefois, qui se traduisent dans une prédisposition psychique et organique à courir après le malheur. Madeleine n’a rien d’une pervertie ; elle a aimé son mari ou, du moins, s’est-elle laissée suffisamment émouvoir pour accepter de lier sa vie à la sienne. S’agissait-il chez eux dîme réciproque émotivité strictement physique ? On peut le croire, bien que Dubois fût attaché à sa femme par une bonne dose de sentimentalité qui, quoique imprécise, a des racines autres que physiques. Il ne sait d’ailleurs pas lui-même ce qui l’a attiré vers elle et la lui rend, aujourd’hui, si précieuse. On ne peut autrement expliquer sa complaisance qui va jusqu’à accepter que sa femme reçoive son amant à leur foyer. Espère-t-il, par ce qu’il considère comme un effort de compréhension, la toucher et éveiller chez elle le remords qui provoquera son retour à lui ? Ne risque-t-il pas plutôt de passer pour un être bonasse et sans fierté et s’attirer, au contraire, le mépris de celle qu’il veut reconquérir ? Ou agit-il comme cela uniquement par sadisme ou masochisme ?

Ce deuxième roman de Langevin n’est pas aussi dense, toutefois, qu’ « Évadé de la nuit » :