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ROMANS D’ANALYSE

ils se meuvent, agissent, pensent, s’amusent et souffrent : le vernissage d’une exposition de peinture dans l’arrière boutique d’un libraire est d’une vérité criante, jusque dans les moindres replis de tous les personnages qui l’habillent. Hamel a créé des types authentiques que l’on frôle dans notre ville : types de toutes les villes de tous les pays, intellectuels ratés, intellectuels à la manque et laissés pour compte qui se croient, pourtant, le nombril du monde et jouent au révolutionnaire parce que le jeu est vraiment moins dangereux que l’action ; types d’insatisfaits qui cherchent le bonheur dans les systèmes philosophiques à la mode. Sur tous, il jette une lumière à la fois crue et violente, n’épargnant personne.

Les personnages de « Solitude de la Chair » sont plus que des personnages ; ils sont les témoins d’une lutte de tous les instants pour la liberté. André Laurent, tout particulièrement, incarne le journaliste de chez nous à la recherche d’une formule de vie libérée, mais que les coups du sort abattent avant qu’il n’ait pu réaliser son rêve : cet homme avec ses espoirs déçus, ses espérances irréalisées, à la poursuite d’un idéal de vie sans compromis, nous est sympathique jusque dans ses déchéances, à cause peut-être de ces déchéances qui nous en font davantage sentir le côté humain