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ROMANS D’ANALYSE

l’imagination de l’auteur qui ne peut se résoudre à les laisser se réaliser.

Sa psychologie est pourtant sérieuse ; il ne pose pas le problème de l’homme sous l’angle où l’a situé un Berthelot Brunet ou encore sous celui où le placeront plus tard un Langevin ou un Élie ; mais si ses personnages ne sont pas ébranlés jusque dans leurs couches les plus profondes, s’ils ne sont atteints d’aucun déséquilibre organique, comme le Mathieu de Françoise Loranger, par exemple, ils offrent un intérêt qui ne se dément pas un instant et qui nous fait précisément regretter de les voir se résorber prématurément. Et quoiqu’on en ait dit, Charbonneau demeure lui-même ; il a su assimiler les influences qu’il a pu subir — Dostoïevski et Mauriac plus particulièrement — pour réaliser une œuvre qui marque fortement les lettres françaises au Canada.

Un autre écrivain, presque en même temps que Charbonneau, avait lui aussi attiré l’attention sur lui : c’est Jacqueline Mabit avec « La Fin de la joie » (1946). On a dit qu’il n’y avait rien de canadien dans l’œuvre de cette jeune femme, épouse de Pierre Baillargeon, sur qui on s’était déjà tout particulièrement rabattu en lui déniant le titre de romancier. Les distinctions que l’on a faites au sujet de Jacqueline Mabit me semblent