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ROMANS DE MOEURS ET ROMANS SOCIAUX
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Pour Thériault, il y a quelque chose de pourri au pays catholique de Québec, pourriture camouflée sous un vernis présentant déjà plus d’une craquelure. Sous ses traits, parfois trop gras si l’on veut, on reconnaît quand même plus d’un personnage ; plusieurs de ses types de villageois ressortent avec beaucoup de véracité et de force ; certaines attitudes de son évêque, dont on n’entrevoit pourtant que la silhouette, traduisent, même avec sa part d’exagération, une disposition d’esprit qui se retrouve à plusieurs échelons de notre hiérarchie ecclésiastique : son curé Bossé a l’âme candide de nos curés de village, à la foi aveugle du charbonnier ; il n’a peut-être que de vagues ressemblances avec le curé de campagne de Bernanos, mais Thériault réussit quand même à nous le faire évoquer dans les dernières pages du roman, empreintes d’une émotion contenue. Le romancier paraît d’ailleurs vouloir nous réconcilier avec ses personnages qui, après tout, ne sont pas de si mauvais bougres. Ils subissent, plutôt qu’ils n’en sont les complices, une situation dont la plupart d’entre eux veulent profiter, puisqu’ils sont impuissants à la corriger. L’auteur est tourmenté par l’organisation de notre société qu’il trouve enserrée dans de trop rigides cadres, prisonnière d’un conformisme à la fois politique et religieux, d’où