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ROMANS DE MŒURS ET ROMANS SOCIAUX

tribue probablement à développer la grande compréhension qu’il montre à son égard : il ne cherchera pas, par exemple, à contrecarrer ses amours et il la laissera prendre la voie qu’elle a choisie. Quant à son fils, qui est sa grande déception, il oubliera les désillusions qu’il lui cause lorsqu’il constatera qu’il n’est pas devenu le raté complet qu’il annonçait.

On peut établir un parallèle entre l’exil aux États-Unis du fils Garneau et celui du fils Moisan de « Trente Arpents » ; ce sera pour souligner l’attirance des Canadiens vers le Sud, le mirage américain qui exerça sur eux une telle emprise ; cette emprise fut provoquée par le complexe d’infériorité en matière économique, né du manque de vision dans l’orientation donnée aux générations montantes ; ce fut là, la cause première du désemparement devant la vie qui affola tant de jeunes Canadiens français. Ce désemparement, atténué aujourd’hui, n’en est pas moins à l’origine du grand mouvement migrateur d’il y a cent ans et aussi de leur retard dans le commerce et l’industrie. Si dans « Le Poids du Jour », Ringuet prouve qu’un Canadien français peut lui aussi « arriver » quand il est audacieux, il nous laisse quand même l’amertume de constater que l’effort, trop souvent, se confine à une génération ; et dans