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Roland.

Agréable occupation !

Inès.

Pas tant, car il s’agit pour lui de payer une amende à laquelle il a été condamné à la suite d’une querelle… il a si mauvais caractère !…

Roland.

Et, c’est ce dont j’enrage… Depuis quinze jours, qu’un regard de ces beaux yeux a incendié mon cœur, à peine ai-je pu vous entrevoir quelquefois… et vous m’avez dit que si je me déclarais à vos parents, ils me mettraient à la porte.

Inès.

Ah ! sûrement.

Roland.

N’y a-t-il donc aucun moyen de les fléchir ?

Inès.

Ah ! si vous étiez riche !…

Roland.

Je ne peux pas manquer de l’être prochainement ; j’ai un oncle opulent dont je suis le seul héritier, et…

Inès.

Il est donc bien vieux ?

Roland.

Il a trente ans.

Inès.

Eh bien… alors…

Roland.

Justement, c’est un garçon qui ne se ménage pas, qui se bat en duel, qui court les aventures ; autant de chances de plus… tandis qu’un octogénaire se soignerait, se dorloterait… ce serait bien plus long…

Inès.

Vous croyez ?

Roland.

C’est bien connu, tous les vieillards meurent très-vieux. Il n’y a que les jeunes gens qui aient la chance de mourir jeunes.