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ACTE DEUXIÈME

Le théâtre représente une terrasse : porte à gauche. Au fond on arrive de l’extérieur par un escalier.



Scène PREMIÈRE.

BÉATRIX.

I

Ah ! quel métier que d’être femme !
J’ai couru par tout le marché ;
C’est trop de zèle, sur mon âme !
J’ai marchandé, j’ai bien cherché ;
Et, maintenant, il faut qu’on fasse
La cuisine à son cher époux,
Pour voir monsieur prendre sa place
Et vous faire encore la grimace,
Si tout n’est pas selon ses goûts.
Ah ! si l’on osait,
Comme on parlerait,
Comme on en dirait ;
Mais il faut se taire,
Et, sans souffler mot,
Souffrir sa misère,
Voilà notre lot !
Taisons-nous, ne disons mot !

II

Les hommes sont d’étranges drôles :
Prêcheurs, avocats, procureurs ;
Ils ont pris pour eux tous les rôles
Qui font briller les grands parleurs ;
Puis, qu’une femme, par mégarde,
Dise en passant un mot ou deux,