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FRAGMENTS

La poésie, au sens strict, semble être l’art intermédiaire entre l’art plastique et la musique. La mesure correspondait-elle à la forme, et le son à la couleur ?

Ne pourrait-on imaginer, dans le drame Laocoontique, un moment plus enveloppant, plus synthétique, plus juste et plus élevé que celui du groupe antique ? Un moment où la souffrance suraiguë se transforme en ivresse, la résistance en résignation, et où la vie suprême se pétrifie ? Le sculpteur ne devrait-il pas toujours saisir le moment de la pétrification, le rechercher et le représenter, et même ne pouvoir représenter que ce moment-là ?

La musique n’a-t-elle pas quelque chose de l’analyse combinée et réciproquement ? L’harmonie des nombres, l’acoustique des nombres appartient à l’analyse combinée. Les nombres sont les voyelles mathématiques. Tous les nombres sont numérateurs. L’analyse combinée nous fait sortir de la fantaisie numérale et nous apprend l’art de la composition numérale ; la basse fondamentale des mathématiques. Le langage est un instrument musical ; le poète, le rhéteur et le philosophe jouent et composent grammaticalement. Une fugue est absolument logique, ou, scientifique. Elle peut aussi être traitée poétique-