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FRAGMENTS

je l’élève jusque-là, tandis que le monothéisme entend qu’il n’y a pour nous qu’un seul organe de ce genre en ce monde ; que l’idée d’un intermédiaire est seule admissible, et que Dieu ne se manifeste que par cet organe et par cet intermédiaire ; et ainsi, je suis obligé de les choisir, car sans cela le monothéisme ne serait pas la religion véritable.

Si inconciliables qu’ils paraissent, il y a cependant moyen de les unir en faisant de l’intermédiaire monothéiste, l’intermédiaire du monde moyen du panthéisme ; on en fait, en quelque sorte, son centre, de manière qu’ils se rendent réciproquement, quoique différemment, nécessaires.

La prière ou la pensée religieuse consiste ainsi en une triple abstraction ou proposition montante et indivisible. Tout objet peut, pour l’homme religieux, être un temple au sens où l’entendaient les augures. L’esprit de ce temple est l’omniprésent grand-prêtre, l’intermédiaire monothéistique, qui seul est en rapport immédiat avec la divinité.

Tout objet de hasard, tout objet accidentel, individuel, peut devenir notre organe universel. Un visage, une étoile, un paysage, un vieil arbre, etc., peut faire époque dans notre vie