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Depuis son retour à Paris, Chaptal avait fondé près de cette ville de grandes manufactures, à l’imitation de celles qu’il avait créées à Montpellier : lui-même eût mérité la médaille d’or pour les produits de ses ateliers, s’il n’avait pas été juge. Le suffrage public lui décerna le prix dont il s’était privé lui-même pour devenir l’Aristarque de ses émules et l’apologiste de ses rivaux.

Il avait obtenu par ses travaux la fortune et la gloire ; il avait passé les jours du crime sans s’attirer un ennemi et sans persécuter personne : le repos, la paix, le bonheur, semblaient être les titres et les droits du reste de sa carrière. Mais une révolution nouvelle s’apprêtait pour la France et pour lui ; déjà le Directoire, affaibli par ses violences, avili par ses passions, succombait sous la tentative hardie d’un guerrier que la destinée réservait pour enchaîner la patrie avec les fers de la gloire.

Le héros sut gouverner d’abord au nom de la liberté, mais enchaînée par un pouvoir masqué sous l’aspect de l’ordre, et conduisant par degrés à la domination d’un seul. Il lui fallait captiver les cœurs, afin d’asservir les ames ; il voulut rendre, avant tout, la société prospère, et par là capable d’un sacrifice plus soudain et plus étendu, celui de l’indépendance politique.

Il chercha des instrumens illustres pour la partie bienfaisante de ses projets. Il jeta les yeux sur Chaptal, et lui confia, comme essai, l’instruction nationale. Alors le savant proposa l’un des plans les plus sages