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Aussi, lorsqu’en l’année 1781 il fut appelé, quoique si jeune encore, à occuper la chaire de chimie que les États de Languedoc venaient d’instituer à Montpellier, et qui lui fut proposée par M. de Joubert, trésorier général des États, qui suivait avec lui les cours de Sage, Chaptal débuta dans la carrière de l’enseignement avec une facilité qui charma ses auditeurs, et surpassa l’attente publique. En exposant une science neuve, il sut la populariser, la rendre féconde ; il appuya son enseignement de l’autorité de ses exemples.

Fabricant lui-même et commerçant, il passait de la théorie à la pratique et de la pratique à la théorie ; il quittait ses ateliers pour monter en chaire, descendait de la chaire pour retourner dans ses ateliers, ses magasins, son comptoir. Héritier d’une grande fortune, il en avait compris le véritable prix ; il s’était hâté de l’employer à des entreprises utiles : il fonda une fabrication de produits chimiques à l’aide des procédés dus aux perfectionnemens réunis de la science, et lui donna une rapide extension. Il dota la France de produits que jusqu’alors elle empruntait du dehors. Dans les élablissemens qu’il avait créés s’offrait aux regards ce nouveau caractère des manufactures chimiques qui les a transformées en une sorte de vaste laboratoire, où s’exécutent en grand les opérations tracées par la science, pour y recevoir tout ensemble une confirmation nouvelle et une féconde application. C’est là que Chaptal apprit si bien, ce que personne n’a jamais mieux su que lui et n’a jamais mieux enseigné, toutes les conditions dont la