Page:Note sur les origines psychologiques de notre croyance à la loi de causalité.pdf/9

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
9
ORIGINE DE NOTRE CROYANCE À LA LOI DE CAUSALITÉ

effet notre propre personne s’intercale. Comment cette double condition sera-t-elle remplie ?

Je formule tout de suite la thèse qui, seule, me paraît lever les diverses difficultés : L’acquisition de notre croyance à la loi de causalité ne fait qu’un avec la coordi­nation progressive de nos impressions tactiles à nos impressions visuelles.

Quand l’œil de l’enfant s’ouvre à la lumière, il aperçoit des couleurs et des formes confuses qui se succèdent ou se métamorphosent entre elles. Peu à peu, la vision s’accompagne de toucher. En même temps que l’enfant aperçoit une forme, il fait un effort pour la saisir et pour en palper les contours. Sa vision se prolonge ainsi en contact, et, par là même, la forme et la couleur lui semblent se prolonger, extérieurement, en résistance. Comme d’ailleurs une série déterminée d’impressions tactiles déterminées correspond d’ordinaire à une forme visuelle déterminée, l’habitude se crée d’attendre ces impressions tactiles quand ces formes visuelles appa­raissent. Mais il ne s’agit pas ici d’une attente passive, ni d’une habitude comparable aux autres habitudes. Les phénomènes que nous associons ne sont plus des phé­nomènes auxquels nous restons extérieurs, comme il arriverait, par exemple, pour deux couleurs qui se succéderaient régulièrement dans le champ de la vision. Il est très rare, comme nous le faisions remarquer plus haut, que des phénomènes se succèdent régulièrement