sumer que cette conclusion n’entame en rien la question de l’origine psychologique de la loi de causalité. Elle explique la science, et non pas l’expérience commune. Elle nous fait comprendre pourquoi, à mesure que nous approfondissons la nature, nous trouvons cette nature plus intelligible ; elle ne nous dit pas comment nous nous y prenons, dès le premier éveil de notre conscience, pour établir des rapports de causalité qui n’ont rien de scientifique, ni pourquoi cette relation causale prend dans notre esprit des formes que la science nous fera peu à peu abandonner. Enfin il reste à expliquer le choix naturel que nous faisons d’une certaine représentation de la cause parmi toutes les manières possibles d’unifier l’expérience, et l’application naturelle que nous faisons de la loi de causalité.
Cette énumération très rapide des diverses hypothèses ne nous aura pas été inutile. Elle nous révèle que la causalité peut désigner à la fois un rapport de succession et un rapport de concomitance, une détermination précise et un choix contingent, une unité imposée du dehors et une relation dynamique aperçue intérieurement, une donnée de notre expérience, ou du moins de certaines expériences, et une réponse à certaines exigences fondamentales de la pensée. Elle nous fait pressentir, par là même, le caractère tout particulier et véritablement unique du processus par lequel se constitue notre croyance pratique à la loi de causalité.