de mieux en mieux des phénomènes donnés en concomitance ou en succession avec des phénomènes auxquels ils sont liés invariablement. Mais il est rare que des phénomènes déterminés coexistent ou succèdent à des phénomènes déterminés dans notre expérience visuelle immédiate, et causalité n’implique pas distinctement succession ni distinctement concomitance pour l’intelligence commune. Le tort de l’empirisme ne serait-il pas alors — si paradoxale que notre assertion puisse paraître — d’intellectualiser trop la croyance générale à la loi de causalité, de l’envisager dans son rapport à la science, et non dans son rapport à la vie ?
Une seconde théorie consisterait alors à chercher dans la vie intérieure, dans la connaissance que nous prenons de nous-mêmes et de notre force d’agir, l’origine de la notion de cause en même temps que le point de départ du processus intellectuel qui aboutit à la loi de causalité. Cette thèse est celle de Maine de Biran. Nous en tiendrons largement compte. Mais outre qu’elle laisse assez obscur et rend même fort difficile le passage de la notion à la loi, elle glisse trop légèrement sur la différence capitale que fait le sens commun entre la causalité du moi et celle de la nature. À tort ou à raison, nous croyons tenir de notre conscience l’affirmation de notre libre arbitre. À tort ou à raison, nous voyons dans nos volitions et dans nos mouvements des effets contingents, indéterminés, dans une certaine mesure au moins, par rapport à leur