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LE GUEUX

Chemin de la Corniche.



Sur le roc aride et revêche
Devant la mer, en plein soleil,
Comme un triste haillon qui sèche,
Le gueux dort d’un profond sommeil.

Bras en croix, tête renversée,
Jambes pendant languissamment,
Il ronfle, brute harassée,
Sordide en son affaissement.

Débauche, paresse et misère
Habitent ce corps éreinté,
Dont une loque à peine enserre
La repoussante nudité.

Cette nuit, par maint quartier louche,
Cherchant besogne de son goût
Il a rôdé, le gueux farouche,
La main au couteau, prêt à tout.