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SCIENCE ET RÉALITÉ.

Mais ce continuum lui-même n’est plus qu’une forme flasque, sans rigidité et qui docilement s’applique à tout. Plus rien de fixe, puisque aucun repère défini n’existe, où nous puissions encadrer les phénomènes ; puisque au bord de l’océan où flottent les choses, il ne reste plus aucun de ces solides anneaux où les marins naguère amarraient les vaisseaux.

Jusqu’ici la théorie de la relativité mérite bien son nom. Mais voici que malgré elle, encore que par elle et en dépit de son nom même, surgit quelque chose qui dans le monde extérieur semble avoir une existence indépendante et déterminée, une objectivité, une réalité absolue. C’est l’Intervalle des événements qui, lui, à travers toutes les fluctuations des choses, quelle que soit la diversité infinie des points de vue, la mobilité des repères, demeure constant, invariable.

De cette donnée, qui, philosophiquement parlant, participe étrangement des qualités intrinsèques tant reprochées au vieil espace absolu, au vieux temps absolu, dérive en réalité toute la partie constructive de la Relativité, toute celle qui a conduit aux splendides vérifications que nous avons dites.

Ainsi la théorie de la Relativité, dans ce qui en fait un monument scientifique utile, un outil constructif, un instrument de découverte, semble renier son nom et sa source même. Elle est une théorie d’un nouvel absolu : l’Intervalle représenté par les géodésiques de l’Univers quadridimensionnel. Elle est une nouvelle théorie absolue. Tant il est vrai que, même dans la