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MÉTAMORPHOSES DE L’ESPACE ET DU TEMPS.

manière concrète et aussi exacte que possible, ces généralités. Mais je dois insister d’abord sur un point qui a une signification considérable : si Einstein s’était borné à la première partie de son œuvre, — telle que je viens de l’esquisser, — celle qui ébranle les notions classiques de temps et d’espace, il n’aurait point, dans le monde de la pensée, la gloire qui, dès aujourd’hui, auréole son nom.

La chose est d’importance, car la plupart de ceux qui, — en dehors des spécialistes purs, — ont écrit sur Einstein, ont insisté surtout, et souvent exclusivement, sur ce côté en quelque sorte « démolisseur » de son intervention. Or, on va voir qu’à ce point de vue, Einstein n’a pas été le premier ni le seul. Il n’a fait qu’aiguiser davantage et enfoncer un peu plus, entre les blocs mal joints de la science classique, le burin que d’autres avant lui, et surtout le grand Henri Poincaré, y avaient dès longtemps porté. Ensuite il me restera à expliquer, si je puis, le grand, l’immortel titre d’Einstein à la reconnaissance des hommes, qui est, sur cette œuvre critique, d’avoir reconstruit, réédifié par ses propres forces quelque chose de magnifique et de neuf : et ici, sa gloire est sans partage.

La science entière depuis Aristote jusqu’aujourd’hui a été fondée sur l’hypothèse ou, pour mieux dire, sur les hypothèses qu’il existe un temps absolu et un espace