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EINSTEIN ET L’UNIVERS.

est insensible aux vitesses usuelles. C’est par sa puissance de synthèse que la mécanique einsteinienne est splendide. Grâce à elle nous apercevons dans le surprenant univers où passent, éphémères, nos pensées et nos angoisses, plus d’unité qu’auparavant, donc plus d’harmonie, plus de beauté.

Pourtant la théorie de la relativité laissait jusqu’ici de côté un phénomène fondamental, essentiel, répandu partout et toujours dans le cosmos : la gravitation, propriété mystérieuse des corps qui gouverne les atomes infimes aussi bien que les étoiles géantes et dirige leurs trajectoires suivant des courbes majestueuses.

L’attraction universelle que, sur la Terre, nous appelons pesanteur, était parmi les phénomènes une sorte d’île escarpée et sans rapport avec le reste de la philosophie naturelle.

La mécanique d’Einstein, telle que nous l’avons exposée jusqu’ici, passait à côté de cette île sans l’aborder. C’est pourquoi, sous cette forme, on l’appelait théorie de la relativité restreinte. Pour en faire un instrument de synthèse achevé, il restait à y faire entrer le phénomène de la gravitation. C’est par cela qu’Einstein a couronné son œuvre et que son système a pris la forme admirable désignée maintenant sous le nom de théorie de la relativité généralisée.

Einstein a tiré la gravitation universelle de son « splendide isolement », et l’a attachée, docile et vaincue, au char triomphal de sa mécanique. Bien plus, il a donné